La nuit du venin by Serge Brussolo

La nuit du venin by Serge Brussolo

Auteur:Serge Brussolo [Brussolo, Serge]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 2265036064
Éditeur: FNA 1551
Publié: 1987-01-22T23:00:00+00:00


« En fait, je crois que ça disait : Regarde ! La bête, elle arrive ! C’est l’Apocalypse ! La bête ! La bête ! Il faut partir…

« Et moi j’avançais dans la lumière, avec le poids de la salle dans le dos, et ce type dans son fauteuil, tout seul, tirant sur un énorme cigare. Le paravent m’hypnotisait, la chaleur du projecteur me faisait transpirer sous mon masque de porcelaine. J’avançais. Et soudain je suis passé de l’autre côté… Ooh ! J’ai failli hurler. Isadélia… Elle dansait, nue, la tête renversée en arrière, et son visage était… NOIR, gonflé de cloques. Tout son corps semblait recouvert d’un cuir goudronneux, squameux. Elle luisait de sueur et de sanie. Sur son front des écailles de chair putréfiée se décollaient. »

— La… lèpre ?

— Non, quelque chose de pire. Elle ne souffrait pas, et surtout elle était noircie… Goudronneuse. Sa peau s’était épaissie et des grappes de bulles couraient sous son épiderme comme si… comme si ses muscles étaient en train de bouillir ! Je me suis rejeté dans l’ombre, horrifié. J’ai couru hors de la salle pour chercher Kobec. Quand il m’a vu arriver, titubant, il a aussitôt compris. Je lui ai dit : « Isadélia est devenue un monstre ». Il a grondé : « Tais-toi, regarde plutôt… », et il a soulevé son masque de porcelaine. Il était comme elle. Putréfié, noirci. Et pourtant debout !

Cécile se mord les lèvres. Elle est gelée, prise dans les glaces.

— Il était comme elle, balbutie Gove. Il a rabattu le masque et il a chuchoté : « C’est pareil pour Coraline, tu devras tenir ta langue. »

— Ils étaient tous les trois atteints !

— Oui, comme Franklin Némoref. C’était la malédiction de la crypte, la malédiction de ce… Docteur Squelette. Une sorte de maladie incompréhensible qu’ils avaient contractée en bas. J’étais terrifié. J’ai failli m’enfuir le soir même, comme un lâche. Je ne voulais pas finir comme eux, et puis je me suis repris. J’ai décidé d’assister Isadélia jusqu’au bout. Le lendemain j’ai fait comme si de rien n’était. J’essayais seulement de ne pas entrer en contact avec eux, de ne pas les frôler.

— Comment se comportaient-ils ?

— Normalement. Ils ne souffraient pas. Leurs gestes étaient simplement un peu malhabiles. On n’aurait jamais pu penser que sous les masques et les gants blancs ils étaient… pourris.

Gove secoue la tête, se reprend :

— Non, pourri n’est pas le mot qui convient. Ils étaient plutôt : momifiés, c’est cela ! Racornis et bitumeux comme des momies soigneusement préparées. Cela a duré environ six mois. Ensuite leurs forces ont commencé à décliner. Ils ne pouvaient plus se lever ni s’alimenter. Parfois ils rejetaient des… des débris organiques, comme Franklin Némoref. Leurs os s’amollissaient. Kobec disait : « Vous pourriez faire un nœud avec mon bras sans casser un seul os. » Et c’était vrai. J’avais transformé l’une des salles en infirmerie, en hôpital, et installé leurs trois lits côte à côte. C’était idiot, je ne pouvais rien pour eux.



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